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Où est cette gomme que vous avez déjà tous eu
sur votre bureau à un moment ?

Eh bien, la partie rose,
elle est fabriquée à partir de cette pâte.

Et cette pâte, c'est le point de départ d'un classique de la trousse
qu'on connaît sous toutes ses formes.

Elles sont toutes faites dans cette usine Maped
qui en produit plus de 40 millions par an.

Et avant d'arriver dans les trousses,
les fournitures passent par une batterie de test.

Après là, ce serait mieux que ce soit droit.

On vient peut-être d'assister
à la naissance d'un nouveau produit en direct.

Et tout ça, ça doit être prêt chaque année
pour la rentrée des classes,
qui représente plus de 70 pourcent des ventes.

Et ça, c'est technique.

Gomme, ciseaux, règles, crayons, stylos,
les indispensables de toutes les trousses de France,
de la primaire, au lycée, sont fabriqués ici,
dans l'usine Maped d'Annecy.

Et au fait, comme ça vous le saurez, Maped,
c'est l'acronyme de Manufacture d'articles de précision et de dessin,
et leur grande spécialité, c'est les gommes.

Qu'on retrouve d'abord sous forme de pâte
dans une cuve comme celle-là.

C'est un mélange de caoutchouc et d'additifs,
comme des plastifiants pour rendre la gomme plus souple,
des pigments ou des colorants, et des agents d'abrasions,
notamment pour les gommes roses et bleues classiques.

Bah côté bleu contient de la pierre ponce
pour effacer le crayon sur des surfaces plus dures,
comme du carton ou des murs.

Et voilà, pour ceux qui se sont toujours demandé à quoi ça sert,
maintenant vous le savez.

Bref, une fois qu'on a notre mélange,
on le chauffe entre 50 et 70 degrés,
pour le rendre bien liquide et pouvoir le malaxer.

Quand c'est prêt, la pâte passe
dans ce qu'on appelle une machine d'extrusion.

Elle est compressée, chauffée puis poussée
grâce à une grosse vis à travers une sorte de moule
qui lui donne sa forme allongée,
et on obtient ce long spaghetti de gomme.

Il faut longtemps pour refroidir la gomme pour pouvoir la couper.

Eh oui, si on essaye de la couper alors qu'elle est encore chaude,
elle fond, et la découpe n'est pas nette.

C'est pour ça qu'elle fait un aller-retour
sur ce tapis roulant sous l'eau,
puis elle est découpée en petits morceaux
pour tomber dans son bac d'attente.

Après la coupe, elle sort dans cet entonnoir
et elle ressort juste ici où elle est marquée.

Cette ligne-là,
elle est capable de produire 160 gommes par minute.

Mais ce n'est pas encore tout à fait fini.

Dernière étape, l'emballage.

Et là aussi,
tout est automatisé, chronométré, presque chorégraphié.

C'est incroyable, ce truc.

Ce bras articulé s'occupe de mettre les gommes
dans des coques en plastique
au fur et à mesure qu'elles arrivent.

Et là, il y a une cartonnette
qui vient refermer la carte blister,
ce qui permet d'avoir un produit fini.

Et tada, c'est prêt.

Elle va pouvoir gommer mes erreurs, enfin,
juste celles sur le papier,
et je vais vous expliquer comment.

Pour qu'une gomme gomme,
il faut d'abord un crayon.

Sa mine est faite en graphite,
un matériau qui s'effrite très finement.

Quand on écrit,
on dépose des particules de graphite
à la surface du papier,
ce n'est pas gravé, et si ça tient,
c'est parce que le papier est composé de fibres.

La gomme, elle, vient frotter ses fibres,
les détruire même si on force,
et vu qu'elle est légèrement collante,
elle accroche le graphite,
le détache et l'emporte avec elle.

Aujourd'hui, les gommes sont conçues pour un usage scolaire,
presque prêtes à être mâchouillées.

Bon, c'est pas un bonbon non plus, faut pas les avaler,
mais ce qui est marrant, c'est qu'à l'origine,
les gommes, on les mangeait vraiment.

Eh oui, de base, on effaçait avec des miettes de pain.

La gomme en caoutchou a été inventée autour de 1770
par un opticien anglais, Edward Nairne.

Il aurait découvert les propriétés effaçantes du caoutchou
en le confondant avec un bout de pain,
utilisé jusqu'alors pour effacer le papier.

C'est ce qu'on appelle la sérendipité,
une découverte qui est le fruit du hasard ou d'une erreur,
comme l'anesthésie, la pénicilline ou les rayons X.

Mais le vrai tournant arrive avec le chimiste américain Charles Goodyear,
c'est lui qui a découvert en 1839 la vulcanisation,
un procédé qui stabilise le caoutchou issu
notamment de la sève des arbres d'hévéa
pour le rendre moins collant, plus solide et plus durable.

Tout ça pour arriver à cette gomme-là.

Mais avant qu'elles finissent dans une trousse,
chaque fourniture est mise à l'épreuve
avec des tests de qualité classique.

Bon, pour les gommes,
on teste juste leur élasticité,
parce qu'en soi, on sait qu'elles vont effacer.

Mais pour les autres objets,
comme les règles, c'est plus compliqué.

On va venir faire des mouvements continus sur la zone graduée
pour simuler une utilisation intensive d'un consommateur.

Ça sert à voir à partir de quel moment
les graduations commencent à s'effacer.

On peut tourner des heures avant qu'on voit une 1ère dégradation.

Et des tests comme ça, il y en a plein,
comme celui-là,
qui permet de voir la résistance des éléments en plastique de l'arène,
ou encore celui-ci qui détermine la durée d'écriture des stylos.

Et à côté des machines qui maltraitent les objets,
Maped a aussi un autre genre de testeurs.

Des experts en mâchouillage de stylo,
imprévisibles, et à la concentration limitée des enfants.

Fanch, merci beaucoup d'être venu aujourd'hui pour les tests.

Tu sais, chez Maped,
on fait des fournitures scolaires pour les enfants.

Le problème, c'est que nous, on n'est plus vraiment des enfants.

On s'est dit, bah,
on va demander l'avis des enfants,
comme ça, eux, ils vont nous aider
et nous dire ce qui est bien et pas bien pour eux.

Au Labomino, on leur donne des fournitures
et on leur pose quelques questions sur ce qu'ils en pense.

Et pour qu'ils soient le plus sincère possible,
les enfants sont placés dans une salle,
seuls, avec une accompagnatrice.

On les y observe avec des caméras cachées
et à travers une vitre sans teint.

Un peu l'impression d'être un flic
en surveillance d'enfant, là.

Quand tu fais comme ça, là, sur le bout de la table,
sauf que ma maîtresse elle aime pas trop.

Ce que veulent savoir les ingénieurs de Maped,
c'est comment l'enfant interagit avec les objets.

Tu préfères le crayon, la règle ou le taille-crayon ?

Perso, la règle, parce que j'aime beaucoup faire ça.

Et peut-être que la règle,
elle soit peut-être plus comme ça,
que ça parte plus comme ça.

Comme le début d'une équerre ?

Après, là, il vaudrait mieux que ce soit.
Droit.

Wow, super.

T'es prêt à devenir designer produit toi, en fait.

Je vais essayer de modéliser
ce que Fanch nous a dessiné
pour voir ce que ça pourrait donner.

Donc je vais faire un 3D,
on fera une maquette en impression 3D.

Et puis on fera des essais
avec les éléments qu'on a pour manipuler et voir
si ça pourrait être un produit qui marche ou pas.

On vient peut-être d'assister à la naissance
d'un nouveau produit en direct.

Voilà, ça pourrait être ça la version.

Donc une règle plus courte, 15 centimètres, avec 2 éléments,
j'ai enlevé celui que Fanch aimait moins.

Mais même si une idée germe en 5 minutes dans la tête d'un enfant,
la transformer en produit fini, ça prend du temps.

On avait fait des essais sur la règle il y a 2 ans,
donc ça prend 2 ans le cycle de développement.

Et le timing est crucial,
parce qu'il y a un rendez-vous à ne pas manquer, la rentrée.

Pointes rondes et pointes fines.

C'est fatiguant.

Il faut que je finisse aujourd'hui, sinon je vais déprimer.

Entre juillet et septembre,
Maped enregistre 70% de ses ventes.

Autant dire qu'il faut que tout soit prêt,
pile à temps, et c'est un vrai défi.

Il faut qu'on rentre en production en septembre
pour avoir la marchandise prête à partir de janvier,
et ensuite le gros des stocks arrive vraiment sur mars, avril,
pour que les parents puissent
commencer à acheter en juin jusqu'à fin septembre.

Et une fois que les produits sont prêts et les prévisions faites,
un bal de camion a lieu
autour des centres logistiques de Maped
et des 3 usines du groupe.

En France, au Mexique et en Chine.

Et oui, parce que Maped est présent dans 120 pays.

C'est un vrai mastodonte qui vend plus de 3000 produits,
emploie plus de 1800 salariés,
pour un chiffre d'affaires qui dépasse les 630 millions d'euros en 2023.

Ah voilà, vous vous achetez ça en 15 secondes dans un rayon,
mais derrière ces petits bouts de gomme,
il y a eu 2 ans de recherche et développement,
un gamin de 9 ans qui l'a probablement fait modifier,
et une usine qui en débite 160 par minute.

Bon allez, moi je vais prendre celle-là,
et au fait, merci pour le million,
et pour ceux qui ne le sont pas encore,
n'oubliez pas de vous abonner.