法语助手
2025-04-27
Voici Manuel Japón, Carmen Japón, Luis Japón, Maria Japón, Japón, Japon, Japan, oui, comme le pays.
Pourtant, ils sont tous espagnols, Andalous pour être précis.
En Andalousie, plus de 2000 personnes portent ce drôle de nom de famille.
On compte 700 Japon rien qu'à Coria del Río,
à quelques kilomètres de la capitale andalouse,
Sévilla.
À Coria del Río, on produit son propre sake.
Vous savez, cette boisson à base d'alcool de riz,
et dans un parc de la ville, on peut même voir la statue d'un grand samouraï.
Vous vous demandez sûrement qui sont tous ces Japóns et qui est ce samouraï.
Alors, le samouraï, c'est Hasekura Tsunenaga,
c'est une sorte de Marco Polo nippon,
arrivé à Coria del Río en 1614.
Et il n'est pas venu seul, c'est toute une mission diplomatique nippone de 150 hommes,
l'ambassade Keisho, qui part de la ville de Sendai dans l'est du Japon,
traverse le Pacifique puis l'atlantique,
pour enfin poser ses amarres dans le sud de l'espagne.
Ils vont rencontrer à Madrid le roi Felipe III et lui demander de l'aide pour ouvrir une nouvelle route commerciale entre le Japon et l'europe via la Nouvelle-espagne,
cette partie de l'empire espagnol de l'autre côté de l'atlantique.
Après Madrid, ils doivent se rendre à Rome pour demander au pape Paulus V d'envoyer des missionnaires au Japon
afin de développer le christianisme dans le royaume.
Mais pour cela, la délégation doit d'abord remonter le fleuve Guadalquivir,
et ce n'est pas une mince affaire,
surtout au niveau de Coria del Río et de son méandre de la Merlina.
Pour le passer, il faut se délester d'une partie de la cargaison,
mais aussi d'une partie de l'équipage.
Dans ce village blanc de pêcheurs, la douceur de vivre à l'Andalouse semble faire son effet sur les Japonais.
Les Andalous, eux, sont fascinés par ces hommes aux traits si singuliers.
C'est la 1ère fois qu'on voit des Japonais en Espagne.
Au bout de 3 ans, alors que le samouraï Hasekura Tsunenaga a achevé sa mission,
l'ambassade Keisho doit repartir.
Seulement, une partie des hommes restés à Coria sont tombés amoureux d'Andalouses et décident de rester.
Ils se marient, font des enfants,
mais on décrète que les noms de famille japonais sont imprononçables pour les Espagnols.
Alors, pour tous les descendants andalous japonais, le nom de famille sera, eh oui, Japón.
C'est ainsi que des générations de Japón se succèdent, et ce, sans se poser plus de questions.
Jusqu'aux années 1980, lorsque Virginio Carvajal-Japón,
curieux de l'origine de son nom, se décide enfin à enquêter.
Il retrouve dans les archives municipales la toute première personne à avoir été baptisée en 1644 du nom Japón.
Une certaine Catalina-Japón,
elle serait la fille d'un Japonais et d'une habitante de Coria.
Depuis la découverte de cette lignée japonaise en Andalousie,
c'est la lune de miel éternelle entre la province de Séville et le Japon.
En 2013, le prince héritier du Japon,
Naruhito, a même tenu à rendre visite en personne aux descendants japonais de Coria del Río.
Des centaines de Japonais visitent la ville chaque année
et s'amusent à retrouver des ressemblances avec les habitants.
Et même s'il n'y en a pas vraiment, à Coria,
on dit que certains rapones andalous prennent des traits orientaux en vieillissant.
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